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2 avril 2008 3 02 /04 /avril /2008 11:01


Situation initiale
 :

 

        Le commandement allié avait prévu la libération de Caen dès le 6 juin 1944, située à une quinzaine de kilomètres des plages. Cependant, l’encombrement des routes sur les côtes et l’arrivée de la 21.Panzerdivision dans la journée du 6 au nord de la ville puis celle des premiers éléments de la 12.SS.Panzerdivision "Hitlerjugend" le lendemain au nord ouest ont rendu impossible la prise de la ville dans l'immédiat.


        La première tentative de contournement eut lieu le 12 juin par la 7th Armoured Division (surnommée "les Rats du Désert" et qui avait affronté l’Afrika Korps de Rommel), mais échoua à Villers-Bocage face aux  Tigers du 101.SS.Panzerabteilung.


         Une autre opération est envisagée : "Epsom" prévoit la prise de Caen par l’ouest par les phases suivantes: suivre la vallée de l’Odon, traverser l’Orne, rejoindre le secteur de Bretteville-sur-Laize et couper les routes menant à Caen. Trois corps britanniques vont participer à l’offensive : le Ier, le XXXe. et surtout le VIIIe Corps composé de 60 000 hommes, 600 chars et 736 canons. Face à eux, la 12.SS.Panzerdivision « Hiterjugend » et quelques unités de la Panzer-Lehr-Division et de la 21.Panzerdivision.

                                 
                                          Offensive de la 15th Scottish le 28 juin

25 juin.

       Prélude à Epsom, l’opération Martlet débute le 25 juin dans le but de protéger le flanc droit de l’opération Epsom prévue le lendemain. La 50e Division d'infanterie britannique et la 8e Brigade blindée doivent avancer vers Hottot, la 49e D.I. doit prendre Fontenay et Rauray (notamment la colline 110) où en face de cette division, un bataillon de Panzergrenadier de la Panzer-Lehr-Division est positionné au sud de Saint-Pierre, entre Tilly et Fontenay.

       A midi, les Britanniques sont à l’entrée de Fontenay. D’autres unités de la 49e D.I. se dirigent vers le sud entre la route Fontenay – Juvigny et la cote 110 à Rauray. Les S.S. tentent de colmater la percée britannique dans la zone occupée par la Panzer-Lehr. Les contre-attaques sont repoussées par l’aviation et l’artillerie. Les combats continuent dans Fontenay face au III./SS.Panzergrenadier-Regiment 26, accompagné de diverses unités S.S.

       La situation reste instable au soir du 25 juin : Fontenay n’est pas entièrement libéré et Rauray, défendu par la Panzer-Lehr-Division, n’a pu être pris. Les positions allemandes sont toutefois éprouvées par les combats et les pertes sont importantes.

                   

            http://i47.servimg.com/u/f47/11/97/18/10/epsom210.gif


26 juin.

Début de l’opération Epsom.
        Dès le matin, la 49e D.I. submerge les S.S. à Fontenay et s’arrête devant Rauray.
La 44th Brigade (de la 15th Scottish I.D.) doit prendre Saint-Manvieu et la Gaule, et la 46th Brigade doit libérer Cheux et le Haut du Bosq.

       A Saint-Manvieu, atteint à 8h30, les combats sont très violents entre les S.S. du I./SS.Panzergrenadier-Regiment 26 et le 6th Battalion Royal Scots Fusiliers. Les Ecossais ne rentrent dans le village qu’après deux heures de combats. Ils doivent utiliser les chars lance-flammes pour repousser les assauts des grenadiers S.S.. Vers midi, les troupes de la "Hitlerjugend" sont mises hors de combat, sauf celles installées dans des points fortifiés. Pendant ce temps, le 9th R.T.R. libère la Gaule vers 10h30.

    
                                   Troupes écossaises dans Saint-Manvieu le 26 juin


 
        La 46th Brigade se dirige vers Cheux et le Haut du Bosq. Le 2nd Glasgow Highlanders arrive à Cheux vers 10h30 mais la défense allemande résiste. La 7th Seaforths tente aussi de libérer le village et subit de lourdes pertes. Les combats continueront toute la journée. Les Cromwell du 2nd Northamptonshire entrent dans le village mais sont pris sous le feu ennemi, notamment des blindés situés sur la route Cheux – Grainville.
        Le 9th Cameronians, après avoir traversé le Haut du Bosq, tente sans succès de conquérir la crête de Rauray, défendue par l’artillerie S.S.. Le bataillon entre dans le village vers 11h30, soutenu par les chars Crocodile, mais ne peut sécuriser que la partie nord du village.
       Les S.S. renforcent leurs défenses au sud de Cheux, au moment où les Ecossais avancent vers l’Odon. Le 2nd Gordon Highlanders se dirige vers Colleville et Tourville-sur-Odon mais est stoppée par les blindés S.S. soutenus par la 15./SS.Panzergrenadier-Regiment 25. Les Gordon et le 9th R.T.R. atteignent cependant le ruisseau de Salbey. L’attaque sur Colleville s’arrêtera dans la soirée. Au soir, les Britanniques n’ont pas réussi à percer les positions allemandes au sud de Cheux.

        A minuit, le secteur de Saint-Manvieu est sécurisé, mais le bilan de cette journée du 26 juin est mitigé : l’Odon n’a pas été atteint et les Allemands, du fait d’excellentes positions défensives, ont ralenti la progression alliée et ont retardé l’avance alliée. Cependant, les pertes allemandes sont nombreuses (730 pour la 12.SS.Panzerdivision). Rommel envoie le soir même les renforts suivants : un groupe de combat de la 2.Panzerdivision et de la 21.Panzerdivision, le Kampfgruppe Weidinger de la 2.SS.Panzerdivision "Das Reich", 2 bataillons d’infanterie de la 1.SS Panzerdivision "LSSAH" et la 7.Werfer-Brigade.



27 juin.
  

         L’offensive sur l’Odon reprend. Les Britanniques continuent la pression sur la crête de Rauray qui sera prise par le 7th Seaforths de la 15e Scottish. Les soldats de la 49e D.I. entrent dans le village vers 14 heures, occupé par le III./SS.Pz.Gren.Rgt. 26 et des blindés, et sera sécurisé à 16 heures. Cependant, l’attaque du Hallamshire sur Tessel a échoué.


     
             Char Panther détruit à Cheux le 27 juin
 

        Vers 9h30, des chars de la 2.Panzerdivision affronte le 5th D.C.L.I. sans succès au Haut du Bosq. La 2.Pz.Div. tente de reprendre Cheux, en vain. Le 10th H.L.T. avance à partir de la route Cheux – Grainville mais est stoppé par les blindés et d’autres unités de la "Hitlerjugend". Les pertes sont importantes pour le bataillon, mais ces combats permettent au 2nd Argyll, qui doit prendre le pont de Tourmauville, d’avancer sans difficulté tard dans la matinée. Le 2nd Argyll et le 23rd Hussars arrivent jusqu’à Colleville défendu par les Allemands qui finissent par céder dans l’après-midi.
        Le 2nd Gordon se dirige vers Tourville, la 29th Armoured Brigade vers Grainville (soutenu par le 2nd Fife and Forfar) et le 3rd R.T.R. vers Mouen. L’avance dans ce secteur n’est pas arrêtée malgré la présence du 101.SS.schwere-Panzerabteilung à Mouen. A Grainville, le village défendu par les S.S. ne sera pas nettoyé avant la tombée de la nuit.
       Le 2nd Argyll avance au sud de l’axe Caen – Villers et prend le pont de Tourmauville vers 17 heures et une étroite tête de pont est établie avec des éléments du 23rd Hussars. La 159th (de la 11th A.D.) consolide et élargit la tête de pont sur la rive sud de l’Odon. Le Scottish Corridor est formé, mais ses flancs restent fragiles.

        Au soir du 27 juin, les Ecossais ont percé le front sur 10 km de profondeur, mais les pertes sont catastrophiques depuis le début de l’opération.



28 juin.
 

        Vers 8 heures, le Generaloberst Friedrich Dollmann, commandant de la 7e Armée, ordonne au II.SS.Panzerkorps du SS-Obergruppenführer Paul Hausser une contre-attaque immédiate contre le Scottish Corridor. Hausser estime cependant qu’elle ne pourra pas avoir lieu avant le lendemain. Dollmann meurt dans la matinée. Hausser prend le commandement de la 7e Armée allemande et le SS-Gruppenführer Wilhelm Bittrich devient chef du II.SS.Panzerkorps.


       Entre-temps, les combats continuent : la 49e D.I. prend la cote 110, affronte une offensive du Kampfgruppe Weidinger et se bat à Brettevillette. Le 2nd Argyll capture Gavrus et son pont intact, puis met en place une tête de pont défensive sur la rive sud de l’Odon. Grainville est repris par les Britanniques (Cameronians) en début d’après-midi mais doivent défendre le village de plusieurs contre-attaques de la division « Das Reich » et de la 2.Panzerdivision. Le 7th Seaforths prend la Valtru. Les alliés subissent une contre-attaque des S.S. et de la 21.Panzerdivision entre Verson et Mouen qui est finalement repoussée.
      
       Durant la même journée, des éléments du 23rd Hussars tentent de prendre la Cote 112, mais doivent affronter le feu de l’infanterie et des blindés de la "Hitlerjugend" camouflés dans les bois. L’intervention des Typhoon sera inefficace. Les Britanniques prendron la hauteur avec l’appui du 8th Rifle Brigade. Les Allemands de la 8.Werfer-Brigade et des blindés de la "Hitlerjugend" lancent une contre-attaque qui échoue. Vers 15 heures, le 23rd Hussars est relevé par le 3rd R.T.R..


       Au cours de la soirée, un message est intercepté : le II.SS.Panzerkorps prévoit une importante contre-attaque sur l’Odon. Les chars sont retirés le soir même mais le lendemain les Allemands n’ont pas repris la Cote 112 ; leur objectif est la capture du Scottish Corridor. L’objectif du VIIIe Corps est désormais de protéger le terrain conquis.

       
             9th Cameronians vers le Haut du Bosq


                 
                Prisonniers allemands vers le Haut du Bosq le 28 juin

 29 Juin.

       Le plan d’attaque allemand pour le 29 au matin est le suivant : la 10.SS.Pz.Div. "Frundsberg" attaque la tête de pont de Gavrus sur l’Odon, Baron-sur-Odon, Verson et la Cote 112, la 9.SS.Pz.Div. "Hohenstaufen" agirait contre le Valtru, Grainville-sur-Odon, Mouen et Cheux, aidée de la "Das Reich" et de la Panzer-Lehr. L’autre flanc du Scottish Corridor sera attaqué par la 1.SS.Pz.Div. "LSSAH", les restes de la "Hitlerjugend" et la 21.Pz.Div.. Le matin, un officier de la 9.SS.Pz.Div., en reconnaissance, est capturé avec les plans de l’attaque. Les blindés se sont repliés la veille de la Cote 112 mais reprendront leurs positions le lendemain matin, sans aucune présence allemande. Finalement, les blindés britanniques se retireront de la hauteur, signifiant la fin d’Epsom, et seul le 4 K.S.L.I. restera sur la hauteur qui sera reprise après de difficiles combats dans la nuit du 29 au 30.


      L’attaque allemande débuta peu après 14 heures. Les Britanniques défendront tout l’après-midi et la soirée, les assauts allemands tournent au désastre. L’artillerie terrestre et navale, ainsi que l’aviation suffisent à stopper les attaques. Pendant la nuit, la 10.SS.Pz.Div. tente d’assaillir Gavrus et Baron mais sans succès. L’opération Epsom est définitivement arrêtée.



30 Juin.

     
      Les Britanniques subissent les attaques allemandes, mais les barrages d’artillerie et l’aviation permettent de repousse les assauts. Entre le 25 et le 30 juin, les pertes des 3 divisions du VIIIe Corps s’élèvent à 4000 hommes, tués, blessés, disparus et prisonniers.

 Le Scottish Corridor sera définitivement sécurisé le 2 juillet.



Bilan d’Epsom.

 

        Cette opération est un demi-succès en terme de gain de terrain, et les pertes furent effroyables (le quart des fantassins étant tué ou blessé). Stratégiquement, c’est une victoire : l’offensive a attiré la plupart des divisions blindés sur Caen, entamant ainsi les réserves allemandes et permettant à l’armée américaine dans la Manche de ne pas subir la plupart des troupes blindées.


Pertes (tués, blessés, disparus, prisonniers):
VIIIe Corps britannique: 4 020

12.SS.Panzerdivision "Hitlerjugend": 2 662, dont:
  SS.Panzer-Regiment 12: 324
  SS Panzergrenadier-Regiment 25: 383
  SS Panzergrenadier-Regiment 26: 1 017
  SS Panzeraufklärungs-Abteilung 12 (Reconnaissance): 250
  SS Panzerpionier-Bataillon 12: 490
  SS Panzerartillerie-Regiment 12 et autres: 198


Unités pendant l'opération Epsom:

Unités allemandes:
I
.SS.Panzerkorps; 1 SS.Panzerdivision "LSSAH"; 12.SS.Panzerdivision "Hitlerjugend"; 101.SS.schwere-Panzerabteilung;  II.SS.Panzerkorps: 9.SS.Panzerdivision "Hohenstaufen"; 10.SS.Panzerdivision "Frundsberg";
Kampfgruppe Weidinger (2.SS.Panzerdivision "Das Reich");

  21.Panzerdivision; Kampfgruppe 2.Panzerdivision; 83 Nebelwerfer-Regiment;
Unités antiaériennes de la Luftwaffe.

Unités britanniques:
 
VIIIe Corps: 11th Armoured Division; 15 Scottish Infantry Division; 31st Tank Brigade; 4th Armoured Brigade
  XXXe Corps: 49th West Riding Infantry Division;
  Artillerie du I Corps.


Sources: 

  Operation Epsom (Simon Trew)
  Militaria (Hors-série n°58) (La bataille de Caen)
  La bataille de Caen (Alexander MacKee)

 

 

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4 août 2007 6 04 /08 /août /2007 02:20

      Le 6 août, le 120th Infantry Regiment relève le 18th IR de la 1re division d'infanterie américaine à Mortain. La colline 314 à l’est et au nord-est de la ville constituait un point stratégique très important qui devait être conservé coûte que coûte. Le colonel Birks fait installer des barrages routiers sur tous les axes menant à Mortain. Le PC du 2ème bataillon du 120th IR était installé dans le centre-ville de Mortain.

 

     MortainColline.jpg
                      La Colline 314

 

                   Mortain2.JPG

                                             Vue de la colline 314

 

 

La contre-attaque sur Mortain.

        L’opération Lüttich débute le 7 août, vers une heure du matin. Les Allemands ont rapidement envahi le barrage sur la route au sud de Mortain, et en quelques minutes, était dans les faubourgs de Mortain. De petits groupes se sont infiltrés dans le secteur de la compagnie G. L’attaque était brutale et si bruyante qu’on aurait cru que tout le bataillon entier avait été attaqué. Leur succès était cependant de courte durée. Dès l’aube, la compagnie G a anéanti le groupe.
          Vers deux heures, les Allemands du 3e bataillon du régiment "Der Führer" frappent le flanc gauche du bataillon dans les environs de l’Abbaye Blanche. Le barrage routier installé permet aux troupes US d’infliger de lourdes pertes à l’ennemi. Cependant, plusieurs d’entre eux contournent le barrage et entrent dans Mortain par le nord.
Le 120th IR engage la compagnie C pour expulser l’ennemi de Mortain et rétablir le barrage au sud, sans succès. L’infanterie allemande et des blindés occupent Mortain dès l’aube. Les compagnies du 2nd Bataillon sur la cote 314, renforcées d’autres unités dont une section antichars, sont désormais totalement encerclés.


7 août

        Après la dispersion du brouillard vers huit heures, les troupes américaines découvrent des colonnes blindées ennemies et des troupes d’infanterie venant de l’est et du sud-est. Soit l’ennemi ignorait le fait que la cote 314 était occupée, ou il a simplement choisi de ne pas s’en préoccuper. Si les Allemands ignoraient avant que la cote 314 était occupée, elle le sait certainement maintenant. Ils réalisent que le contrôle de la colline est primordial. S’ils atteignent la cote 314, ils auraient une excellente vue des positions américaines.
        Vers 10 heures, l’ennemi déclenche un barrage d’artillerie sur la colline, les compagnies E et K subissent le bombardement. L’infanterie ennemie, avec quelques blindés, attaque. L’artillerie américaine réussit à stopper la principale attaque, mais les S.S. sont entrés dans la zone de la compagnie E, engageant un difficile combat. Les Allemands se replient et les lignes défensives sont rétablies. Les pertes de la compagnie E sont élevées.

        Les unités sur la cote 314 n’ont plus de contacts avec le commandant du bataillon et son PC depuis la première attaque allemande. Le PC du bataillon était installé dans la ville. Mais le commandant, le lieutenant-colonel Hardaway et son état-major, forcés de se cacher après l’arrivée des troupes allemandes, seront capturés le lendemain. Le groupe incluait le commandant du Bataillon, l’executive officer, les S2 et S3 et 15 hommes de la compagnie d’état-major. Le capitaine Erichson, de la compagnie F, prend le commandement des unités.

          Vers 14 heures, l’ennemi tente de prendre la colline à partir de l’ouest, c’est-à-dire à partir de Mortain même. La compagnie G repousse cette attaque rapidement, mais l’ennemi ne cesse d’attaquer, infligeant de lourdes pertes. Durant la nuit, l’ennemi envoie des patrouilles dans la zone. Mais les S.S. n’ont pas pris la colline. Chaque compagnie du bataillon forme également des patrouilles.
La quantité de munitions est faible et l’évacuation des morts et des blessés est impossible. La communication avec le régiment se fait entièrement par radio. Le régiment propose de ravitailler le Bataillon par air.
Les Allemands harcèlent le secteur toute la nuit avec des patrouilles, de l’artillerie et des tirs de mortier.


8 août.


         L’ennemi effectue de timides assauts pour prendre la colline. Il continue cependant son attaque dans les environs de Mortain, évitant la cote 314. Les lignes de ravitaillement et les lignes arrière allemandes sont constamment harcelées par l'artillerie.
         Le bataillon est confronté au problème du manque de nourriture, de munition et de matériel médical. Les batteries radio se sont rapidement affaiblies. Afin de les préserver, seule une compagnie utilise ses radios en cas d’urgence. Les ordres et informations reçus du régiment sont donnés aux compagnies par les patrouilles.
Les blessés sont rassemblés dans chaque compagnie et abrités dans des tranchées. Ils sont installés aussi confortablement que possible, mais il n’y a aucune aide médicale disponible. La plupart des morts sont restés là où ils ont été tués, il faut attendre la nuit pour les récupérer et sont regroupés dans un lieu dans chaque secteur de compagnie, en dehors des regards.
         Les patrouilles ennemies assaillent les troupes américaines toute la nuit et les hommes du bataillon n’ont quasiment pas dormi. Malgré ces conditions difficiles, le moral reste élevé.


9 août : Ultimatum de reddition.

          La tentative par le régiment et le reste de la division de secourir le bataillon a échoué. Les premiers signes de faim et de soif apparaissent. Les dernières réserves de rations K sont épuisées depuis la veille, seules quelques unes restantes sont données aux blessés. Il ne leur reste que des légumes crus provenant de potagers, qu’ils partagent avec neuf fermiers restés sur la colline. Il n’y a plus de ravitaillement des munitions. Plusieurs blessés graves sont morts durant la nuit. Les corps des morts, alliés ou ennemis, commencent à se putréfier avec la chaleur. La puanteur sur la colline était écœurante.


          Pour sauver la situation, des ravitaillements pour le Bataillon sont chargés dans deux avions d’observation d’artillerie, mais les deux appareils sont touchés par la Flak en s’approchant des lignes ennemies.
La division prévoit alors l’envoi de C47 pour réaliser le ravitaillement les troupes. Il est prévu pour le lendemain, le 10 août. L’information est relayée aux hommes assiégés qui ont des doutes quant au succès de l’opération. L’ennemi a sans doute repéré les échanges radio et connaît la situation de bataillon.

          A 18h20, un sous-officier de la division Götz von Berlichingen, le SS-Uscha Tetzlaff, s’approche des positions de la compagnie E avec un drapeau blanc, indiquant qu’il est chargé de faire des propositions honorables de reddition et que le bataillon est encerclé. Le lieutenant Elmer C. Rohmiller lui répond : « Allez au diable, et maintenant fichez le camp de cette colline, si vous ne voulez pas qu’on vous descende ». L’officier S.S. ajoute : « Votre chef, le lieutenant-colonel Hardaway, est notre prisonnier, votre situation est désespérée ». Il indique par ailleurs qu’il n’y avait pas de déshonneur à se rendre dans ces circonstances, et a promis que les hommes seraient bien traités et qu’ils donneraient toute l’aide médicale possible pour les blessés. Ces derniers réagissent : « No, no, no surrender », « I want no truce with this bastards » (pas de trêve avec ces gens-là ». Enfin, le S.S. ajoute que si l’offre n’est pas acceptée pour 20 heures, le bataillon sera anéanti. La requête transmise au lieutenant Ralph Kerley de la compagnie E, il répond que ses hommes se battront jusqu’à ce que la dernière cartouche soit tirée, jusqu’à ce que leur baïonnette s’enfonce dans le ventre des Allemands.

           Comme prévu, l’ennemi lance l’assaut vers 20h15 avec des blindés et de l’infanterie. Les SS envahissent les positions américaines. Le commandant de la compagnie E ordonne à l’artillerie de frapper dans leur propre secteur. L’attaque est arrêtée, les troupes SS sont durement touchées et se replient.


10 août : Le largage aérien.

          Le soutien aérien est prévu pour ce jour. Vers 15h30, un groupe d’avions de combat alliés apparaissent puis bombardent et mitraillent plusieurs zones ennemies. Peu après, à 16 heures, les chasseurs reviennent, escortant des C47 qui parachutent le ravitaillement.
           La moitié du largage est tombée à l’intérieur des lignes ennemies, mais le bataillon récupère cependant de la nourriture, des munitions et des batteries radio. En début de soirée, des produits médicaux sont envoyés au bataillon par le 230th Field Artillery Bataillon : le matériel, contenant pansements, bandages, plasma et morphine, est placé dans des obus fumigènes dont le contenu a été remplacé. Du fait de l’obscurité et des ricochets, les obus ne sont pas retrouvés.

              Mortain4.jpg
               Matériel médical placé dans les obus

11 août : Le retrait ennemi.

         L’artillerie continue d’envoyer le matériel médical. Les six obus envoyés sont retrouvés mais les poches de plasma n’ont pas résisté à l’impact. Les mouvements de départ de l’ennemi vers l’est s’intensifient. Il débute son retrait. Grâce au rétablissement des communications avec le régiment et l’artillerie, le bataillon est en mesure d’infliger des dommages très importants sur les colonnes en retraite.
         L’aviation alliée écrase sans merci les colonnes allemandes. Ce massacre continue toute la journée. Durant la nuit, les principaux éléments de l’infanterie allemande se retirent. L’artillerie américaine pilonne toutes les routes existantes.


12 août : La relève.

          Vers 11h30, les premiers éléments de la 320th IR prennent contact avec la compagnie G. Les blessés sont rapidement évacués et de la nourriture est donnée. Le 1er bataillon du 119th IR passe par Mortain et rejoint la compagnie K. Le 2nd Bataillon du 120th IR est relevé à 13 heures, le 12 août. Le Bataillon a rempli sa mission, mais à un prix sanglant.

         Du 7 au 12 août, sur 950 hommes, le bataillon, désormais appelé le Bataillon perdu (The Lost Battalion), a perdu au total 277 tués, prisonniers et disparus, et seulement 376 hommes étaient encore en état de combattre.


           mortain.jpg
                        Poste de secours à Mortain

 

   Mortain1.JPG

 

 

Sources:
Stalingrad en Normandie, Eddy Florentin
http://www.oldhickory30th.com
http://www.30thinfantry.org

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4 août 2007 6 04 /08 /août /2007 02:17

Cote 112 (Hill 112 ou Höhe 112)

                                                 IMG-0937.jpg

 

Unités participant aux combats de la Cote 112:

 

  43wessex        53welsh02       15DivFlash      11armdiv01     RTR cap badge

43rd Wessex ID     53rd Welch ID       15th Scottish ID     11th Armoured Div.        7th RTR

 

 

        1ss          9ss         10ss          12ss         272.ID

     1.SS.Pz.Div."LAH"    9.SS.Pz.Div.      10.SS.Pz.Div.   12.SS.Pz.Div."HJ"         272.ID

 

 

                              map1

                      Carte des combats de la Cote 112 (www.hill112.com)

         La Cote
112 est une petite hauteur située à environ 10 km au sud-ouest de Caen, dans une zone comprise entre la jonction de la D8 et la D36 et le village d’Esquay-notre-Dame. La Côte 112 était le point culminant entre l’Orne et l’Odon, dominant les deux vallées, d’où son importance stratégique.

          Sa prise initiale était prévue dans le cadre de l’opération Epsom, où l’objectif principal était d’encercler Caen en partant de l’ouest, en traversant l’Odon et l’Orne, puis tourner sur la gauche pour atteindre Bretteville-sur-Laize jusqu’au sud de la ville pour couper toutes les routes conduisant à Caen. L’opération Epsom a dû s’interrompue dès lors que les troupes alliées ont été stoppées sur cette colline. Il faudra plus d’un mois pour pouvoir contrôler définitivement la Cote 112.

 

          Le 26 juin 1944, au cours de l’opération Epsom, la 11th Armoured Division (11e division blindée) et la 15th Scottish Infantery Division, soutenues par l'artillerie navale, attaquent la Cote 112 défendue par les Allemands. Le 2nd Argyll and Sutherland Highlanders de la 15th Scottish a auparavant capturé intact le pont de Tourmauville situé sur le corridor écossais (Scottish corridor). Le lendemain, le flanc du corridor est sécurisé par les Britanniques de la 49th ID par la prise de Rauray. Les Ecossais du 2nd Argyll établissent une tête de pont sur la rive droite de l’Odon et se placent en position défensive. La 11th AD attaque de nouveau la Cote 112.

                 098

          A l’aube du 28 juin, une contre-attaque préparée par le Generaloberst Friedrich Dollmann dans la nuit se développe entre Mondraiville et Mouen. Elle tourne au massacre pour les Allemands qui doivent se replier. Le même jour, le 2nd Argyll libère Gavrus en prenant intact ses deux ponts. Le 23rd Hussards atteint Baron-sur-Odon, et en début d’après-midi, la 8th Riffle Brigade et les chars du 3rd RTR atteignent le sommet de la Cote 112. Le 44th  Royal Tank Regiment et l’infanterie du 2nd King’s Royal Rifle Corps prennent également la colline et le village d’Evrecy. Mais une contre-attaque de la 10.SS.Pz.Div. les oblige à reculer.

         Le 29 au matin, la 9.SS, la 10.SS, la 2.SS ‘Das Reich’, la 1.LSSAH, la 21.Pz.Div, la Panzer Lehr, puis la 12.SS ont reçues l'ordre d'attaquer le corridor écossais. Mais le constat de troupes désorganisées et l’action de l’aviation alliée ont cependant reporté l’attaque en début d’après-midi. Le matin, un officier de la 9.SS, en mission de reconnaissance et ayant sur lui les plans de l’attaque, est capturé. La contre-attaque allemande a lieu l’après-midi, mais le corridor écossais est tout de même sécurisé en fin de journée.  Le soir, par crainte d’une nouvelle attaque blindée des SS, les chars de la 11th AD sont retirés de la Cote 112 sous protection de l’aviation. Seul le 4th King’s Shropshire Light Infantry reste mais sera chassée par les Allemands dans la nuit qui reprennent alors la hauteur.

         Le 30 juin, le 4th King’s Shropshire repousse les contre-attaques des SS dans Baron-sur-Odon aidé par l’artillerie britannique. Le 2 juillet, le corridor écossais est entièrement sous contrôle.


                          109.jpg

                                                     Sherman sur la Cote 112

         

         Le 10 juillet, alors qu’une partie de Caen est libérée, est lancée l’opération Jupiter qui a pour objectif de prendre la Cote 112 et de traverser l’Orne. La colline est défendue par le II.SS.Pz.Korps. La 43rd Wessex ID attaque Maltot à l’aide de l’aviation et de l’artillerie, mais les SS les repousse et isolent quelques soldats britanniques dans le village. Les alliés doivent se replier. Les combats seront très violents les jours suivants.

         Le 15 juillet, l’opération Greenline est lancée dans la vallée de l’Odon. Le but est d'atteindre la Cote 112. Le 15th Scottish prennent Bougy et Esquay. Le 22, l’opération Express consiste en une offensive entre l’Orne et l’Odon et de prendre Maltot. Le village sera libéré le 23 juillet par la 129th Infantery Brigade de la 43rd  Wessex,  aidée du 7th RTR.

          Le 2 août, le II.SS.Pz.Korps quitte la Cote 112 pour être redéployée dans la région de Vire, les chars Tigre de la Schwere SS.Pz.Abt.102 étant retirés le 1er.

        La colline sera définitivement abandonnée par les Allemands de la 272.Infanterie Division le 4 août 1944.

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       Canon britannique détruit à proximité de la Cote 112 (15.07.1944)

 
P8290028a    P8290012a
              Char Churchill sur la Cote 112                 Monument de la 43rd Wessex Division

 

                    P8290007a

                           Monument du 5th Dorsetshire Regiment

 

       P8290059a

    Stèle située dans le bois Calloué, Cote 112

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6 juillet 2007 5 06 /07 /juillet /2007 22:29

         Juillet 1944. Caen n'est pas encore libéré. Le front s'est stabilisé depuis près d'un mois dans la région de Caen. L'opération Windsor, prélude à l'opération Charnwood visant à libérer Caen, consiste à prendre Carpiquet et son aérodrome.

        Le 4 juillet, dès 5 heures, les Chaudières et le North Shore attaquent le village occupé par une cinquantaine de S.S. Les troupes sont appuyées par un barrage d'artillerie de 248 canons appartenant aux régiments d'artillerie de campagne et des 408 mm et 380 mm des cuirassés Rodney et Roberts. A 8h30, le village est libéré. Pendant l'attaque de Carpiquet, le Royal Winnipeg a opéré une diversion en attaquant les hangars Sud.
       L'attaque vers les hangars Sud par le Royal Winnipeg est rapidement stoppée par le feu provenant des hangars et par trois chars Panthers enterrés, ainsi que par une casemate où sont retranchés des S.S.
Vers midi, les Queens doivent s'emparer des casernes. Après avoir nettoyé un blockhaus sur la route de Caen, ils sont bloqués par les tirs d'un canon 88 et des trois Panthers enterrés. L'attaque est suspendue.
Dans l'après-midi du 4, deux contre-attaques sont lancées par les blindés S.S., qui seront repoussées par l'artillerie et les Typhoons. Cependant, les Canadiens se replient. Au soir du 4 juillet, le village et la partie nord de l'aérodrome sont sous le contrôle des troupes canadienens.
      La situation est très instable. Les Canadiens peuvent être submergés à tout moment: au nord, vers Franqueville (en direction d'Authie); au sud, vers Verson où les Britanniques n'avancent pas; et à l'ouest vers Bretteville-sur-Odon.
     Dans la nuit du 5 au 6 juillet,  après un barrage d'artillerie allemand, les S.S. attaquent de Franqueville vers les positions du North Shore. L'attaque est stoppée net, et les attaques suivantes sont clouées sur place. Les S.S. se retirent. Le matin du 6, les S.S. contre-attaquent à nouveau, cette fois-ci accompagnés des Panzers. Les Chaudières subissent l'assaut, et les compagnies doivent reculer face à eux. Il faudra l'intervention des Shermans pour rétablir la situation.

        La dernière attaque pour prendre l'aérodrome aura lieu le 9 avec la prise des casernes par les Queens, appuyés par des chars. Les Chaudières, après un crochet vers Marcelet, atteignent les hangars Sud sans difficulté.

Forces en présence:

Canadiens
:
   The Royal Winnipeg Rifles
   The Queen's Own Rifles of Canada
   Le Régiment de la Chaudière
   The North Shore (New Brunswick) Regiment
   The Camerons Highlanders of Ottawa
   The Fort Garry Horse
Ces régiments appartiennent à la 3e division d'infanterie canadienne.

Allemands:
   Eléments du 25 SS Panzergrenadier Regiment et du 12 SS Panzer Regiment (unités appartenant à la 12 SS Panzer Division "Hitlerjugend")

Sources:
"Mourir à Caen", Albert Pipet, Presses de la Cité
http://www.normandie44lamemoire.com/fichesvilles/carpiquet.html
http://www.debarquement.com/glossaire/glossaire-200.php?dmxident=L25

                                             p010930.jpg

                          p012150.jpg

                              
dv3can-2.jpg
Mitrailleuse des Camerons
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