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4 août 2007 6 04 /08 /août /2007 02:20

      Le 6 août, le 120th Infantry Regiment relève le 18th IR de la 1re division d'infanterie américaine à Mortain. La colline 314 à l’est et au nord-est de la ville constituait un point stratégique très important qui devait être conservé coûte que coûte. Le colonel Birks fait installer des barrages routiers sur tous les axes menant à Mortain. Le PC du 2ème bataillon du 120th IR était installé dans le centre-ville de Mortain.

 

     MortainColline.jpg
                      La Colline 314

 

                   Mortain2.JPG

                                             Vue de la colline 314

 

 

La contre-attaque sur Mortain.

        L’opération Lüttich débute le 7 août, vers une heure du matin. Les Allemands ont rapidement envahi le barrage sur la route au sud de Mortain, et en quelques minutes, était dans les faubourgs de Mortain. De petits groupes se sont infiltrés dans le secteur de la compagnie G. L’attaque était brutale et si bruyante qu’on aurait cru que tout le bataillon entier avait été attaqué. Leur succès était cependant de courte durée. Dès l’aube, la compagnie G a anéanti le groupe.
          Vers deux heures, les Allemands du 3e bataillon du régiment "Der Führer" frappent le flanc gauche du bataillon dans les environs de l’Abbaye Blanche. Le barrage routier installé permet aux troupes US d’infliger de lourdes pertes à l’ennemi. Cependant, plusieurs d’entre eux contournent le barrage et entrent dans Mortain par le nord.
Le 120th IR engage la compagnie C pour expulser l’ennemi de Mortain et rétablir le barrage au sud, sans succès. L’infanterie allemande et des blindés occupent Mortain dès l’aube. Les compagnies du 2nd Bataillon sur la cote 314, renforcées d’autres unités dont une section antichars, sont désormais totalement encerclés.


7 août

        Après la dispersion du brouillard vers huit heures, les troupes américaines découvrent des colonnes blindées ennemies et des troupes d’infanterie venant de l’est et du sud-est. Soit l’ennemi ignorait le fait que la cote 314 était occupée, ou il a simplement choisi de ne pas s’en préoccuper. Si les Allemands ignoraient avant que la cote 314 était occupée, elle le sait certainement maintenant. Ils réalisent que le contrôle de la colline est primordial. S’ils atteignent la cote 314, ils auraient une excellente vue des positions américaines.
        Vers 10 heures, l’ennemi déclenche un barrage d’artillerie sur la colline, les compagnies E et K subissent le bombardement. L’infanterie ennemie, avec quelques blindés, attaque. L’artillerie américaine réussit à stopper la principale attaque, mais les S.S. sont entrés dans la zone de la compagnie E, engageant un difficile combat. Les Allemands se replient et les lignes défensives sont rétablies. Les pertes de la compagnie E sont élevées.

        Les unités sur la cote 314 n’ont plus de contacts avec le commandant du bataillon et son PC depuis la première attaque allemande. Le PC du bataillon était installé dans la ville. Mais le commandant, le lieutenant-colonel Hardaway et son état-major, forcés de se cacher après l’arrivée des troupes allemandes, seront capturés le lendemain. Le groupe incluait le commandant du Bataillon, l’executive officer, les S2 et S3 et 15 hommes de la compagnie d’état-major. Le capitaine Erichson, de la compagnie F, prend le commandement des unités.

          Vers 14 heures, l’ennemi tente de prendre la colline à partir de l’ouest, c’est-à-dire à partir de Mortain même. La compagnie G repousse cette attaque rapidement, mais l’ennemi ne cesse d’attaquer, infligeant de lourdes pertes. Durant la nuit, l’ennemi envoie des patrouilles dans la zone. Mais les S.S. n’ont pas pris la colline. Chaque compagnie du bataillon forme également des patrouilles.
La quantité de munitions est faible et l’évacuation des morts et des blessés est impossible. La communication avec le régiment se fait entièrement par radio. Le régiment propose de ravitailler le Bataillon par air.
Les Allemands harcèlent le secteur toute la nuit avec des patrouilles, de l’artillerie et des tirs de mortier.


8 août.


         L’ennemi effectue de timides assauts pour prendre la colline. Il continue cependant son attaque dans les environs de Mortain, évitant la cote 314. Les lignes de ravitaillement et les lignes arrière allemandes sont constamment harcelées par l'artillerie.
         Le bataillon est confronté au problème du manque de nourriture, de munition et de matériel médical. Les batteries radio se sont rapidement affaiblies. Afin de les préserver, seule une compagnie utilise ses radios en cas d’urgence. Les ordres et informations reçus du régiment sont donnés aux compagnies par les patrouilles.
Les blessés sont rassemblés dans chaque compagnie et abrités dans des tranchées. Ils sont installés aussi confortablement que possible, mais il n’y a aucune aide médicale disponible. La plupart des morts sont restés là où ils ont été tués, il faut attendre la nuit pour les récupérer et sont regroupés dans un lieu dans chaque secteur de compagnie, en dehors des regards.
         Les patrouilles ennemies assaillent les troupes américaines toute la nuit et les hommes du bataillon n’ont quasiment pas dormi. Malgré ces conditions difficiles, le moral reste élevé.


9 août : Ultimatum de reddition.

          La tentative par le régiment et le reste de la division de secourir le bataillon a échoué. Les premiers signes de faim et de soif apparaissent. Les dernières réserves de rations K sont épuisées depuis la veille, seules quelques unes restantes sont données aux blessés. Il ne leur reste que des légumes crus provenant de potagers, qu’ils partagent avec neuf fermiers restés sur la colline. Il n’y a plus de ravitaillement des munitions. Plusieurs blessés graves sont morts durant la nuit. Les corps des morts, alliés ou ennemis, commencent à se putréfier avec la chaleur. La puanteur sur la colline était écœurante.


          Pour sauver la situation, des ravitaillements pour le Bataillon sont chargés dans deux avions d’observation d’artillerie, mais les deux appareils sont touchés par la Flak en s’approchant des lignes ennemies.
La division prévoit alors l’envoi de C47 pour réaliser le ravitaillement les troupes. Il est prévu pour le lendemain, le 10 août. L’information est relayée aux hommes assiégés qui ont des doutes quant au succès de l’opération. L’ennemi a sans doute repéré les échanges radio et connaît la situation de bataillon.

          A 18h20, un sous-officier de la division Götz von Berlichingen, le SS-Uscha Tetzlaff, s’approche des positions de la compagnie E avec un drapeau blanc, indiquant qu’il est chargé de faire des propositions honorables de reddition et que le bataillon est encerclé. Le lieutenant Elmer C. Rohmiller lui répond : « Allez au diable, et maintenant fichez le camp de cette colline, si vous ne voulez pas qu’on vous descende ». L’officier S.S. ajoute : « Votre chef, le lieutenant-colonel Hardaway, est notre prisonnier, votre situation est désespérée ». Il indique par ailleurs qu’il n’y avait pas de déshonneur à se rendre dans ces circonstances, et a promis que les hommes seraient bien traités et qu’ils donneraient toute l’aide médicale possible pour les blessés. Ces derniers réagissent : « No, no, no surrender », « I want no truce with this bastards » (pas de trêve avec ces gens-là ». Enfin, le S.S. ajoute que si l’offre n’est pas acceptée pour 20 heures, le bataillon sera anéanti. La requête transmise au lieutenant Ralph Kerley de la compagnie E, il répond que ses hommes se battront jusqu’à ce que la dernière cartouche soit tirée, jusqu’à ce que leur baïonnette s’enfonce dans le ventre des Allemands.

           Comme prévu, l’ennemi lance l’assaut vers 20h15 avec des blindés et de l’infanterie. Les SS envahissent les positions américaines. Le commandant de la compagnie E ordonne à l’artillerie de frapper dans leur propre secteur. L’attaque est arrêtée, les troupes SS sont durement touchées et se replient.


10 août : Le largage aérien.

          Le soutien aérien est prévu pour ce jour. Vers 15h30, un groupe d’avions de combat alliés apparaissent puis bombardent et mitraillent plusieurs zones ennemies. Peu après, à 16 heures, les chasseurs reviennent, escortant des C47 qui parachutent le ravitaillement.
           La moitié du largage est tombée à l’intérieur des lignes ennemies, mais le bataillon récupère cependant de la nourriture, des munitions et des batteries radio. En début de soirée, des produits médicaux sont envoyés au bataillon par le 230th Field Artillery Bataillon : le matériel, contenant pansements, bandages, plasma et morphine, est placé dans des obus fumigènes dont le contenu a été remplacé. Du fait de l’obscurité et des ricochets, les obus ne sont pas retrouvés.

              Mortain4.jpg
               Matériel médical placé dans les obus

11 août : Le retrait ennemi.

         L’artillerie continue d’envoyer le matériel médical. Les six obus envoyés sont retrouvés mais les poches de plasma n’ont pas résisté à l’impact. Les mouvements de départ de l’ennemi vers l’est s’intensifient. Il débute son retrait. Grâce au rétablissement des communications avec le régiment et l’artillerie, le bataillon est en mesure d’infliger des dommages très importants sur les colonnes en retraite.
         L’aviation alliée écrase sans merci les colonnes allemandes. Ce massacre continue toute la journée. Durant la nuit, les principaux éléments de l’infanterie allemande se retirent. L’artillerie américaine pilonne toutes les routes existantes.


12 août : La relève.

          Vers 11h30, les premiers éléments de la 320th IR prennent contact avec la compagnie G. Les blessés sont rapidement évacués et de la nourriture est donnée. Le 1er bataillon du 119th IR passe par Mortain et rejoint la compagnie K. Le 2nd Bataillon du 120th IR est relevé à 13 heures, le 12 août. Le Bataillon a rempli sa mission, mais à un prix sanglant.

         Du 7 au 12 août, sur 950 hommes, le bataillon, désormais appelé le Bataillon perdu (The Lost Battalion), a perdu au total 277 tués, prisonniers et disparus, et seulement 376 hommes étaient encore en état de combattre.


           mortain.jpg
                        Poste de secours à Mortain

 

   Mortain1.JPG

 

 

Sources:
Stalingrad en Normandie, Eddy Florentin
http://www.oldhickory30th.com
http://www.30thinfantry.org

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